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90 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. par une espèce de lien féodal, et qu’une partie du butin obtenu par les exactions du terrible Souwarora passe dans les mains du roi de Karagoué, lequel n’en jouit pas moins de l’estime générale et vit dans les meilleurs termes avec les étrangers attirés par sa bonne réputation. Mousa ne parle jamais de Roumanika sans faire le plus grand 'éloge de ce prince, qu’il a sauvé autrefois d’une insurrection fomentée par son frère cadet Rogéro, et qui depuis lors n’a cessé de lui témoigner la plus vive reconnaissance. 31 janvier. — Jafou est parti aujourd’hui à la tête de cent esclaves pour aller rejoindre Snay et, de concert avec lui, atta quer le chef du Khoko. Son but n'est pas seulement de recou vrer les dents d’éléphants qui lui ont été enlevées lors de l’atta que dont Mohinna nous a raconté les détails; il s’agit aussi d’imposer la domination des Arabes aux districts du Khoko et de l’Ousékhé, — d’y vivre à discrétion jusqu’au ramazan, — d’ou vrir passage aux caravanes retenues dans l’Ougogo, — puis enfin, rassemblant une seconde fois leurs forces, de tomber sur l’Ousoui pour le réduire à son tour. Premiers jours de février 1861.—Les gens de Mousa sont partis pour Rungoua, promettant de ramener, à l’époque de la nouvelle lune, les porteurs dont nous avons besoin. Ce sera bien assez tôt, car, excepté moi, tous les membres de l’expédition se res sentent encore de la traversée du désert. Les fièvres, le scorbut, l’ophthalmie sévissent parmi eux, et quelque repos leur est néces saire. Le sheik Saïd, dont l’état s’aggrave de jour en jour, perd ses fonctions de cafila-bashi, que Bombay doit remplir à sa place. Je fais le compte de mes marchandises où je constate un grand déficit, surtout parmi les objets de première qualité. De là, nécessité d’acheter à Mousa les objets qui me manquent, et ce à raison de quatre cents pour cent au-dessus des prix de Zan zibar. C’est le bénéfice normal des trafiquants de Kazeh. Je prie aussi mon hôte de faire transformer en bracelets, selon le goût des gens du nord, tous mes écheveaux de fil d’archal ou de laiton. 7 février. — On a des nouvelles du théâtre de la guerre. La petite armée du sheik Snay avait cerné Manoua Séra dans un .tembé de Toura où le jeune chef avait cru pouvoir se cacher im punément. Sommé de livrer son hôte, le propriétaire du tembé réclame une nuit de répit ; le lendemain, si Manoua Séra s’y trouve encore, les Arabes feront de lui ce qu’il leur plaira. Le lende-