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L’OUN YAMOUÉZI. 89 mais non sans leur dire expressément ce que je pense de leurs impitoyables voleries. Une bagatelle de surplus que j’accorde aux trois pagasis exceptionnellement restés fidèles à ma fortune, soulève un mécontentement général. C’est à grand’peine, et après des heures d’argumentation futile, que Baraka parvient à faire accepter ma conduite pour ce qu’elle est; celle d’un bon maître disposé à s’acquitter envers ses serviteurs, lors même qu’il n’a plus rien à espérer d’eux. Je combine, avec Mousa, les moyens d’arriver au Karagoué. L’Ounyanyembé ne peut pas me procurer les hommes dont j’ai besoin ; tous les habitants en état de porter les armes ont péri dans les guerres passées, ou sont engagés dans la guerre actuelle. Mousa fera donc partir quelques recruteurs pour le pays de llun- goua, où il a résidé jadis, et dont le chef, nommé Kiringouana, est favorablement disposé pour lui. Mon hôte me permet aussi d’enrôler, parmi les esclaves attachés à son établissement, tous ceux qui voudront me suivre ; mais bien que cette combinaison lui profite, il m’avertit généreusement que des porte-faix de louage me donneront beaucoup moins d’embarras. Il est au reste d’accord avec moi lorsque je lui dis que pour avancer au delà du Karagoué, il faudra me trouver complètement indépen dant des secours que les naturels pourraient me fournir. J’es time à une centaine le nombre d'hommes armés que je devrais emmener avec moi, et pour arriver à ce nombre, j’ai besoin de soixante recrues. 29 et 30 janvier. — Jafou, autre commerçant arabe, ancien associé de Mousa, est rentré après une tournée de dix jours qu’il vient de faire dans le district pour se procurer des grains. Ses récits sont désolants. La faim, de tous côtés, décime les popula tions. Il ne pense pas que nous puissions jamais traverser l’Ou- soui, dont le chef, Souwarora, renommé pour ses extorsions, doit, paraît-il, nous « écorcher vifs. » Mieux vaudrait attendre que la guerre fût finie; les Arabes, alors, ne demanderaient pas mieux que de combiner une expédition et de marcher avec nous. Mousa lui-même manifeste quelques craintes ; mais j’obtiens de lui qu’il enverra chez Roumanika pour lui annoncer notre visite et le supplier, en même temps, d’employer son influence à nous ménager un libre passage dans l’Ousoui. Il peut être bon d’expliquer ici que l’Ousoui relève du Karagoué