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L’OUN YAMOUÉZI. 85 expliquer au vieux chef que l’entêtement des Arabes a fait échouer toutes mes tentatives conciliatrices. Et c’est grand dommage, car Manoua Séra est très-populaire parmi les Youanyamouézi. 25 et 26 janvier. —Ceux des Arabes qui ne font pas campagne sont venus me rendre hommage comme à un représentant de leur prince, c’est-à-dire du sultan de Zanzibar. Ils regrettent ainsi que moi l’ardeur aveugle de Snay. Un bon traité de paix, voilà ce qu’il leur fallait, car, déjà ruinés à demi, l’avenir ne leur offre guère d’espérances. Je cherche à tirer d’un chacun quelques renseignements géographiques touchant la question qui me préoccupe. Snay regarde le N’yanza comme la source du fleuve Jub 1 ; mais lorsqu’il apprend de moi que le Nil se prête à la navigation, il hésite là-dessus, car il sait que des vaisseaux se sont mqntrés sur certaines côtes au nord de l’Ounyoro. Abdoulla, un de nos anciens amis, persiste dans les récits qu’il m’a faits à propos de la navigation du N’yanza ; sur quoi Mousa se hâte d’ajouter, d’après le témoignage des gens du nord, que pendant les crues du N’yanza, le courant est d’une violence telle qu’il déracine les îles et les emporte avec lui. Ce dernier propos me jetait dans un certain embarras, car j’igno rais alors que le lac et le Nil, — de même que toutes les masses d’eau, — portent en général le nom de Nyanza. C’est précisément cette confusion verbale qui, lors de mon premier voyage, m’avait empêché de déterminer d’une manière exacte le point où finit le lac et où le Nil commence ; Abdoulla me parlait encore comme il l’avait fait jadis, d’une montagne merveilleuse située au nord du Karagoué, tellement haute et d’une pente tellement rapide que personne ne la pourrait gravir. Selon lui, on la voit rarement, perdue qu’elle est dans une masse de nuages, d’où tombe à de fréquents intervalles une matière blanche, soit neige, soit grêle. Mousa place cette montagne dans le Rouanda, pays beaucoup plus vaste que l’Ouroundi, et tous deux ajoutaient, conformément à leurs anciens dires, que les pays d’Ousoga et d’Ounyoro sont de véritables îles, complètement entourées d’eau. Par delà l’Ou- nyoro gît un lac salé, appelé lui aussi N’yanza, et qu’il ne faut pas confondre avec le grand N’yanza Yictoria.Roumanika, roi du 1. Le Jub, ou Juba, est le plus considérable des cours d’eau que connaissent les Arabes de Zanzibar. Il se jette, sur la côte orientale, au nord de cette lie et dans le voisinage immédiat de l’équateur.