66 LES RUINES. CHAPITRE XIII. 1,’eSPÈCE HUMAINE s’AMÉLIORE!!A-T-ELLE? A ces mots , oppressé du sentiment douloureux dont m’accabla leur sévérité : « Malheur aux nations ! m’écriai- je en fondant en larmes; malheur à inoi-mcme! Ah! c’est maintenant que j’ai désespéré du bonheur de l’homme. Puisque ses maux procèdent de son cœur, puisque lui seul peut y porter remède, malheur à jamais à son existence ! Qui pourra, en eflfet, mettre un frein à la cupidité du fort et du puissant? Qui pourra éclairer l’ignorance du faible? Qui instruira la multitude de ses droits, et forcera les chefs de remplir leurs devoirs? Ainsi, la race des hommes est pour toujours dévouée à la souffrance! Ainsi, l’indi vidu ne cessera d’opprimer l’individu, une nation d’atta quer une autre nation ; et jamais il ne renaîtra pour ces contrées des jours de prospérité et de gloire. Hélas! des conquérans viendront ; ils chasseront les oppresseurs et s’établiront à leur place ; mais, succédant à leur pouvoir, ils succéderont à leur rapacité, et la terre aura changé de tyrans sans changer de tyrannie. » Alors, me tournant vers le Génie : « O Génie! lui dis-je, le désespoir est descendu dans mon ame : en con naissant la nature de l’homme, la perversité de ceux qui