CHAPITRE XII. 65 prendront leurs anciennes distinctions, et une anarchie ge'ne'rale surviendra comme il est arrivé dans l’empire des Sophis, jusqu’à ce qu’il s’élève chez l’Arabe, l’Arménien ou le Grec, des législateurs qui recomposent de nouveaux États.... Oh! s’il se trouvait sur la terre des hommes pro fonds et hardis ! quels élémens de grandeur et de gloire !... Mais déjà l’heure du destin sonne. Le cri de la guerre frappe mon oreille, et la catastrophe va commencer. Vai nement le sultan oppose ses armées; ses guerriers igno- rans sont battus, dispersés : vainement il appelle ses sujets ; les cœurs sont glacés ; les sujets répondent : Cela est écrit ; et qu 1 importe qui soit notre maître? nous ne pouvons perdre à changer. Vainement les vrais croyans invoquent les cieux et le Prophète : le Prophète est mort, et les cieux, sans pitié, répondent : « Cessez de » nous invoquer ; vous avez fait vos maux, guérissez-les » vous-mêmes. La nature a établi des lois, c’est à vous de » les pratiquer : observez, raisonnez, profitez de l’expé- » rience. C’est la folie de l’homme qui le perd, c’est à sa » sagesse de le sauver. Les peuples sont ignorans, qu’ils » s’instruisent; leurs chefs sont pervers, qu’ils se corn- » gent et s’améliorent; » car tel est l’arrêt de la nature : Puisque les maux des sociétés viennent de la cupi dité et de l’ignorance, les hommes ne cesseront d’être tourmentés qu’ils ne soient éclairés et sages, qu’ils ne pratiquent l’art de la justice, fondé sur la connaissance de leurs rapports et des lois de leur organisation. »