LES RUINES. 64 Unpetit nombre de brigands dévorent la multitude, et la multitude se laisse dévorer ! O peuples avilis ! connaissez vos droits! Toute autorité vient de vous, toute puissance est la voire. Vainement les rois vous commandent de pat- Dieu et de par leur lance, soldats, restez immobiles : puisque Dieu soutient le sultan , votre secours est inu tile; puisque son épée lui suffit, il n’a pas besoin de la vôtre : voyons ce qu’il peut par lui-même.... Les soldats ont baissé les armes ; et voilà les maîtres du monde fai bles comme le dernier de leurs sujets ! Peuples ! sachez donc que ceux qui vous gouvernent sont vos chefs et non pas vos maîtres , vos préposés et non pas vos pro priétaires , qu’ils u’ont d’autorité sur vous que par vous et pour votre avantage; que vos richesses sont à vous , et qu’ils vous en sont comptables ; que rois ou sujets, Dieu a fait tous les hommes égaux, et que nul des mortels n’a droit d’opprimer son semblable. » Mais celte nation et ses chefs ont méconnu ces véri tés saintes.... Eh bien ! ils subiront les conséquences de leur aveuglement... L’arrêt en est porté ; le jour approche où ce colosse de puissance, brisé, s’écroulera sous sa pro pre masse : oui, j’en jure par les ruines de tant d’empi res détruits! Cempire du Croissant subira le sort des États dont il a imité le régime. Un peuple étranger chassera les sultans de leur métropole; le trône d’Or khan sera renversé, le dernier rejeton de sa race sera retranché , et la horde des Oguzians, privée de chef, se dispersera comme celle des Nogais : dans cette dissolution, les peu ples de l’empire, déliés du joug qui les rassemblait, re-