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CHAPITRE XII. 6l dévore, dans un mets, l’impôt d’une ville ; dans l’entre tien d’un jour, le revenu d’une province. Il s’est investi d’une armée de femmes, d’eunuques, de satellites. On lui a dit que la vertu des rois était la libéralité, la magni ficence; et les trésors des peuples ont été livrés aux mains des adulateurs. A l’imitation du maître, les esclaves ont aussi voulu avoir des maisons superbes, des meubles d’un travail exquis; des tapis brodés à grands frais, des vases d’or et d’argent pour les plus vils usages, et toutes les richesses de l’empire se sont englouties dans le Serai. » Pour suffire à ce luxe effréné, les esclaves et les femmes ont vendu leur crédit, et la vénalité a introduit une dépravation générale : ils ont vendu la faveur su prême au visir, et le visir a vendu l’empire. Ils ont vendu la loi au cadi, et le cadi a vendu la justice. Ils ont vendu au prêtre l’autel, et le prêtre a vendu les cicux; et l’or conduisant à tout, l’on a tout fait pour obtenir l’or : pour l’or, l’ami a trahi son ami ; l’enfant, son père ; le servi teur, son maître ; la femme, son honneur ; le marchand, sa conscience; et il n’y a plus eu dans l’État ni bonne foi, ni mœurs, ni concorde, ni force. » Et le pacha, qui a payé le gouvernement de sa pro vince , l’a considérée comme une ferme, et il y a exercé toute concussion. A son tour, il a vendu la perception des impôts, le commandement des troupes, l’adminis tration des villages ; et comme tout emploi a été passa ger j la rapine, répandue de grade en grade , a été hâ tive et précipitée. Le douanier a rançonné le marchand, et le négoce s’est anéanti; l’aga a dépouillé le cultivateur,