LES RUINES. H battre; dites-nous vos fautes secrètes ; donnez vos biens à l’e'glise : nous vous absoudrons de vos péchés, et vous mourrez en état de grâce. » Et ils jetaient de l’eau sur le peuple lui distribuaient de petits os de morts pour servir d’amulettes et de talismans; et le peuple ne respirait que guerre et combats. V Frappé de ce tableau contrastant des mêmes passions, et m’affligeant de leurs suites funestes, je méditais sur la difficulté qu’il y avait pour le juge commun d’accorder des demandes si contraires, lorsque le Génie, saisi d’un mouvement de colère, s’écria avec véhémence : « Quels accents de démence frappent mon oreille? quel délire aveugle et pervers trouble l’esprit des nations? Prières sacrilèges, retombez sur la terre ! et vous, Cieux, repoussez des vœux homicides, des actions de grâces im pies! Mortels insensés! est-ce donc ainsi que vous révérez la Divinité? Dites ! comment celui que vous appelez vo tre père commun doit-il recevoir l’hommage de ses en- fans qui s’égorgent? Vainqueurs! de quel œil doit-il voir vos bras fumans du sang qu’il a créé ? Et vous, vaincus ! qu’espérez-vous de ces gémisseraens inutiles? Dieu a-t-il donc le cœur d’un mortel, pour avoir des passions chan geantes? Est-il, comme vous, agité par la vengeance ou la compassion, par la fureur ou le repentir? Ô quelles idées basses ils ont conçues du plus élevé des êtres! A les entendre, il semblerait que, bizarre et capricieux, Dieu se fâche ou s’apaise comme un homme; que tour-à- tour il aime ou il hait; qu’il bat ou qu’il caresse; que, fai ble ou méchant, il couve sa haine; que, contradictoire et