LES RUINES. 02 nie. Ce n’est qu’un préliminaire. Ces Tartares ont été et seraient encore des voisins incommodes, on s’en débar rasse ; leur pays est d’une grande convenance , on s’en arrondit; et pour prélude d’une autre révolution, le trône des Guérais est détruit. » Et en effet, je vis les étendards russes flotter sur la Krimée; et leur pavillon se déploya bientôt sur l'Euxin. Cependant aux cris des Tartares fugitifs, l’empire des Musulmans s’émut. « On chasse nos frères, s’écrièrent les enfans de Mahomet : on outrage le peuple du Prophète ! des infidèles occupent une terre consacrée, et profanent les temples de l’Islamisme. Armons-nous; courons aux combats pour venger la gloire de Dieu et notre propre cause. » Et un mouvement général de guerre s’établit dans les deux empires. De toutes parts on assembla des hommes armés, des provisions , des munitions, et tout l’appareil meurtrier des combats fut déployé; et, chez les deux na tions, les temples , assiégés d’un peuple immense, m’ofifi- rent un spectacle qui fixa mon attention. D’un côté, les Musulmans assemblés devant leurs mosquées, se lavaient les mains, les pieds, se taillaient les ongles, se peignaient la barbe; puis étendant par terre des tapis, et se tournant vers le midi, les bras tantôt ouverts et tantôt croisés, ils faisaient des génuflexions et des prostrations ; et dans le souvenir des revers essuyés pendant leur dernière guerre, ils s’écriaient : « Dieu clément, Dieu miséricordieux! as- tu donc abandonné ton peuple fidèle? Toi qui as promis au Prophète l’empire des nations et signalé ta religion