38 LES RUINES. De ce que l'abondance des denrées rendait la subsis tance facile, la population fut rapide et nombreuse, et les Étals atteignirent en peu de temps le terme de leur pléni tude. De ce qu’il y eut plus de production que de consom mation, le besoin du commerce naquit, et il se fit, de peu ple à peuple, des échanges qui augmentèrent leur activité et leurs jouissances réciproques. Enfin, de ce que certains lieux, à certaines époques, réunirent l’avantage d’être bien gouvernés h celui d’être placés sur la route de la plus active circulation, ils devin rent des entrepôts florissans de commerce et des sièges puissans de domination. Et sur les rives du Nil et de la Méditerranée, du Tigre et de l’Euphrate, les richesses de l’Inde et de l’Europe, entassées, élevèrent successivement la splendeur de cent métropoles. Et les peuples, devenus riches, appliquèrent le superflu de leurs moyens à des travaux d’utilité commune et publi que ; et ce fut là, dans chaque État, l’époque de ces ou vrages dont la magnificence étonne l’esprit; de ces puits de Tyr, de ces digues de l’Euphrate, de ces conduits sou terrains de la Médie ( i ), de ces forteresses du désert, de ces aqueducs de Palmyre, de ces temples, de ces porti ques.... Et ces travaux purent être immenses sans accabler les nations, parce qu’ils furent le produit d’un concours égal et commun des forces d’individus passionnés et libres. (1) Voyez pour ces faits le Voyage en Syrie, et les Recherches nouvelles sur l’Histoire ancienne.