CHAPITRE X. 3 7 Si donc il s’élevait des dissensions, c’était de famille à famille, de faction à faction, et les intérêts étaient tou jours communs à un grand nombre ; les troubles en étaient sans doute plus vifs, mais la crainte des étrangers apai sait les discordes : si l’oppression d’un parti s’établissait, la terre étant ouverte, et les hommes, encore simples, rencontrant partout les mêmes avantages, le parti acca blé émigrait, et portait ailleurs son indépendance. Les anciens États jouissaient donc en eux-mêmes de moyens nombreux de prospérité et de puissance : de ce que chaque homme trouvait son bien-être dans la consti tution de son pays, il prenait un vif intérêt à sa conser vation; si un étranger l’attaquait, ayant à défendre sou champ, sa maison, il portail aux combats la passion d’une cause personnelle, et le dévouement pour soi-même occa- sionait le dévouement pour la patrie. De ce que toute action utile au public attirait son estime et sa reconnaissance, chacun s’empressait d’être utile, et Vamour-propre multipliait les talens et les vertus civiles. De ce que tout citoyen contribuait également de ses biens et de sa personne, les armées et les fonds étaient inépuisables, et les nations déployaient des masses impo santes de forces. De ce que la terre était libre et sa possession sûre et fa cile, chacun était propriétaire; et la division des proprié tés conservait les mœurs en rendant le luxe impossible. De ce que chacun cultivait pour lui-même, la culture était plus active, les denrées plus abondantes, et la ri chesse particulière faisait l’opulence publique.