CHAPITRE X. CAUSES GÉNÉRALES DE LA PROSPÉRITÉ DES ANCIENS ÉTATS. O jeune homme qui demandes la sagesse, voilà quelles ont été les causes des révolutions de ces anciens États, dont tu contemples les ruines ! Sur quelque lieu que s’ar rête ma vue, à quelque temps que se porte ma pensée , partout s’offrent à mon esprit les mêmes principes d’ac croissement ou de destruction, d’élévation ou de déca dence. Partout, si un peuple est puissant, si un empire prospère, c’est que les lois de convention y sont confor mes aux lois de la nature; c’est que le gouvernement y procure aux hommes l’usage respectivement libre de leurs facultés, la sûreté égale de leurs personnes et de leurs propriétés. Si, au contraire , un empire tombe en ruines ou se dissout, c’est que les lois sont vicieuses ou imparfaites, ou que le gouvernement corrompu les en freint. Et si les lois et les gouvernemens, d’abord sages et justes, ensuite se dépravent, c’est que l’alternative du bien et du mal tient à la nature du cœur de l’homme, à la succession de ses penchans, au progrès de scs connais sances, à la combinaison des circonstances et des événe- mens, comme le prouve l’histoire de l’espèce. Dans l’enfance des nations, quand les hommes vivaient