CHAPITRE IX. 3i CHAPITRE IX. ORIGINE DES GOUVERNEMENS ET DES LOIS. En effet, il arriva bientôt que les hommes, fatigués des maux qu’ils se causaient réciproquement, soupirèrent après la paix ; et, réfléchissant sur les causes de leurs in fortunes, ils se dirent: « Nous nous nuisons mutuelle ment par nos passions, et pour vouloir chacun tout enva hir, il résulte que nul ne possède; ce que l’un ravit au jourd’hui, on le lui enlève demain, et notre cupidité retombe sur nous-mêmes. Établissons-nous des arbitres, qui jugent nos prétentions et pacifient nos discordes. Quand le fort s’élèvera contre le faible, l’arbitre le répri mera , et il disposera de nos bras pour contenir la vio lence ; et la vie et les propriétés de chacun de nous seront sous la garantie et la protection communes, et nous joui rons de tous des biens de la nature. » Et , au sein des sociétés, il se forma des conventions, tantôt expresses et tantôt tacites, qui devinrent la règle des actions des particuliers, la mesure de leurs droits, la loi de leurs rapports réciproques ; et quelques hommes furent préposés pour les faire observer, et le peuple leur confia la balance pour peser les droits, et l’épée pour punir les transgressions.