LES RUINES. 28 tions; et Y amour de soi produisit tous les développemens du génie et de la puissance. Ainsi, par l’unique secours de ses facultés, l’homme a su lui-même s’élever à l’étonnante hauteur de sa fortune présente. Trop heureux si, observateur scrupuleux de la loi imprimée à son être, il en eût fidèlement rempli l’uni que et véritable objet! Mais, par une imprudence fa tale , ayant tantôt méconnu, tantôt transgressé sa limite, il s’est lancé dans un dédale d’erreurs et d’infortunes; et Y amour de soi, tantôt déréglé et tantôt aveugle , est devenu un principe fécond de calamités. CHAPITRE VIII. SOURCE DES MAUX DES SOCIETES. En effet, à peine les hommes purent-ils développer leurs facultés, que, saisis de Y attrait des objets quijlat- tent les sens, ils se livrèrent à des désirs effrénés. II ne leur suffit plus de la mesure des sensations douces que la nature avait attachées à leurs vrais besoins pour les lier à leur existence : non coûtons des biens que leur offraitla terre, ou que produisait leur industrie, ils voulu rent entasser les jouissances, et convoitèrent celles que possédaient leurs semblables ; et un homme fort s’éleva