1 ES RUINES. H tre de ton soi t ; je te remets ta destinée. » — Oui, l’homme est devenu l’artisan de sa destinée ; lui-même a créé tour-à-tour les revers ou les succès de sa fortune ; et si, à la vue de tant de douleurs dont il a tourmenté sa vie, il a eu lieu de gémir de sa faiblesse ou de son im prudence, en considérant de quels principes il est parti et à quelle hauteur il a su s’élever, peut-être a-t-il droit en core de présumer de sa force et de s’enorgueillir de son génie. CHAPITRE VI. ÉTAT ORIGINEL DE L’HOMME. Dans Xorigine , l’homme formé nu de corps et d’es- prit, se trouva jeté au hasard sur la terre confuse et sau vage : orphelin délaissé de la puissance inconnue qui ■l’avait produit, il ne vit point à ses côtés des êtres des cendus des deux pour l’avertir de besoins qu’il ne doit qu’à ses sens, pour l’instruire de devoirs qui naissent uniquement de ses besoins. Semblable aux autres ani maux, sans expérience du passé, sans prévoyance de l’avenir, il erra au sein des forêts, guidé seulement et gouverné par les affections de sa nature : par la douleur de la faim , il fut conduit aux alimens, et il pourvut à sa subsistance ; par les in tempéries de l'air, il désira de