CHAPITRE III. I I et de la prudence, et de la folie? En quoi consistent ces anathèmes célestes sur ces contrées? Où est cette malé diction divine qui perpétue l’abandon de ces campa gnes ? Dites , monumens des temps passés ! les cieux ont-ils changé leurs lois, et la terre sa marche? Ce soleil a-t-il éteint ses feux dans l’espace ? Les mers n’élèvent- elles plus leurs nuages ? Les pluies et les rosées demeurent-elles fixées dans les airs? Les montagnes re tiennent-elles leurs sources? Les ruisseaux se sont-ils taris ? et les plantes sont-elles privées de semences et de fruits? Répondez, race de mensonge et d’iniquité , Dieu a-t-il troublé cet ordre primitif et constant qu’il assigna lui-même à la nature? Le ciel a-t-il dénié à la terre, et la terre à ses habituas, les biens que jadis ils leur accor dèrent? Si rien n’a changé dans la création, si les mêmes moyens qui existèrent subsistent encore, à quoi tient donc que les races présentes ne soient ce que furent les races passées? Ah! c’est faussement que vous accusez le sort et la Divinité! c’est à tort que vous reportez à Dieu la cause de vos maux! Dites, race perverse et hypocrite! si ces lieux sont désolés, si des cités puissantes sont ré duites en solitudes, est-ce Dieu qui en a causé la ruine? Est-ce sa main qui a renversé ces murailles, sapé ces temples , mutilé ces colonnes, ou est-ce la main de l’homme? Est-ce le bras de Dieu qui a porté le fer dans la ville et le feu dans la campagne, qui a tué le peuple, incendié les moissons, arraché les arbres et ravagé les cultures, ou est-ce le bras de l’homme? Et lorsqu’après la dévastation des récoltes, la famine est survenue, est-ce