CHAPITRE II. 5 Et maintenant voilà ce qui subsiste de cette ville puis sante, un lugubre squelette! Voilà ce qui reste d’une vaste domination, un souvenir obscur et vain ! Au concours bruyant qui se pressait sous ces portiques a succédé une solitude de mort. Le silence des tombeaux s’est substitué au murmure des places publiques. L’opulence d’une cité de commerce s’est changée en une pauvreté hideuse. Les palais des rois sont devenus le repaire des fauves; les trou peaux parquent au seuil des temples, et les reptiles im mondes habitent les sanctuaires des dieux!... Ah! com ment s’est éclipsée tant de gloire !.... Comment se sont anéantis tant de travaux!... Ainsi donc périssent les ou vrages des hommes ! ainsi s’évanouissent les empires et les nations ! Et l’histoire des temps passés se retraça vivement à ma pensée ; je me rappelai ces siècles anciens où vingt peu ples fameux existaient en ces contrées; je me peignis l’Assyrien sur les rives du Tigre, le Kaldéen sur celles de l’Euphrate, le Perse régnant de XIndus à la Médi terranée. Je dénombrai les royaumes de Damas et de VIdumée, de Jérusalem et de Samarie, et les États belliqueux des Philistins, et les républiques commer çantes de la Phénicie. Celte Syrie, me disais-je, aujour d’hui presque dépeuplée, comptait alors cent villes puis santes. Ses campagnes étaient couvertes de villages, de bourgs et de hameaux (i). De toutes parts l’on ne voyait que champs cultivés, que chemins fréquentés, qu’habita- (i) D’après les calculs de Josèphe et de Strabon , la Syrie a dù contenir dix millions d’habitans ; elle n’en a pas deux aujourd’hui.