LES RUINES. 4 et là, le coude appuyé sur le genou , la tête soutenue sur la main, tantôt portant mes regards sur le désert, tantôt les fixant sur les ruines, je m’abandonnai à une rêverie profonde. CHAPITRE II. LA MÉDITATION. Ici, me dis-je, ici fleurit jadis une ville opulente : ici fut le siège d’un empire puissant. Oui ! ces lieux mainte nant si déserts, jadis une multitude vivante animait leur enceinte ; une foule active circulait dans ces routes aujour d’hui solitaires. En ces murs où règne un morne silence, retentissaient sans cesse le bruit des arts, et les cris d’allé gresse et de fête : ces marbres amoncelés formaient des palais réguliers ; ces colonnes abattues ornaient la majesté des temples; ces galeries écroulées dessinaient les places publicpies. Là, pour les devoirs respectables de son culte, pour les soins touchans de sa subsistance, affluait un peu ple nombreux : là, une industrie créatrice de jouissances appelait les richesses de tous les climats, et l’on voyait s’échanger la pourpre de Tyr pour le fil précieux de la Sérique, les tissus moelleux de Kachemire pour les tapis fastueux de la Lydie, l’ambre de la Baltique pour les perles et les parfums arabes, l’or d’Ophir pour l’étain de Thulé.