CHAPITRE XI. 3l3 D. Comment Ja loi naturelle prescrit-elle la justice? R. Par trois attributs physiques, inhérens à l’organi sation de l’homme. D. Quels sont ces attributs ? R. Ce sont l’égalité, la liberté, la propriété. D. Comment l’égalité est-elle un attribut physique de l’homme? R. Parce que tous les hommes ayant également des yeux, des mains, une bouche, des oreilles, cl le besoin de s’en servir pour vivre, ils ont par ce fait même un droit égal à la vie, à l’usage des élémens qui l’entretien nent ; ils sont tous égaux devant Dieu. IJ. Est-ce que vous prétendez que tous les hommes entendent également, voient également, sentent égale ment, ont des besoins égaux, des passions égales? R. Non ; car il est d’évidence et de fait journalier, que l’un a la vue courte, et l’autre longue ; que l’un mange beaucoup, et l’autre peu ; que l’un a des passions douces et l’autre de violentes; en un mot, que l’un est faible de corps et d’esprit, tandis que l’autre est fort. JD. Ils sont donc réellement inégaux ? R. Oui, dans les développements de leurs moyens, mais non pas dans la nature et l’essence de ces moyens ; c’est une même étoffe, mais les dimensions n’en sont pas égales ; le poids, la valeur , n’en sont pas les mêmes. Notre langue n’a pas le mot propre pour désigner à la fois l’identité de la nature, et la diversité de la forme et de l’em ploi. C’est une égalité proportionnelle ; et voilà pourquoi j’ai dit, égaux devant Dieu, et dans l’ordre de la nature.