CHAPITRE I. 3 pendant quelques jours pour considérer en détail la beauté de tant d’ouvrages. Chaque jour je sortais pour visiter quelqu’un des mo- numens qui couvrent la plaine; et un soir que, l’esprit occupé de réflexions, je m’étais avancé jusqu’à la vallée des sépulcres, je montai sur les hauteurs qui la bordent, et d’où l’œil domine à la fois l’ensemble des ruines et l’immensité du désert. — Le soleil venait de se coucher ; un bandeau rougeâtre marquait encore sa trace à l’hori zon lointain des monts de la Syrie : la pleine lune à l’o rient s’élevait sur un fond bleuâtre, aux planes rives de l’Euphrate : le ciel était pur, l’air calme et serein ; l’éclat mourant du jour tempérait l’horreur des ténèbres ; la fraîcheur naissante de la nuit calmait les feux de la terre embrasée; les pâtres avaient retiré leurs chameaux ; l’œil n’apercevait plus aucun mouvement sur la plaine mono tone et grisâtre ; un vaste silence régnait sur le désert ; seulement à de longs intervalles on entendait les lugubres cris de quelques oiseaux de nuit et de quelques cha cals...(i). L’ombre croissait, et déjà dans le crépuscule mes regards ne distinguaient plus que les fantômes blan châtres des colonnes et des murs.... Ces lieux solitaires , cette soirée paisible, cette scène majestueuse, imprimè rent à mon esprit un recueillement religieux. L’aspect d’une grande cité déserte, la mémoire des temps passés , la comparaison de l’état présent, tout éleva mon cœur à de hautes pensées. Je m’assis sur le tronc d’une colonne ; («) Espèce Je renard qui ne vague que pendant la nuit.