CHAPITRE Y. D. Quelle différence y a-t-il entre un ignorant et un sot? R. La même différence qu’entre un aveuglc.de bonne foi et un aveugle qui prétend voir clair : la sottise est la réalité de l’ignorance, plus la vanité du savoir. D. L’ignorance et la sottise sont-elles communes? R. Oui, très-communes; cîe sont les maladies habi tuelles et générales du genre humain; il y a trois milic ans que le plus sage des hommes disait : Le nombre des sots est infini; et le monde n’a point changé. D. Pourquoi cela? R. Parce que pour être instruit il faut beaucoup de tra vail et de temps, et que les hommes, nés iguorans et crai gnant la peine, trouvent plus commode de rester aveu gles et de prétendre voir clair. D. Quelle différence y a-t-il du savant au sage? R. Le savant connaît, et le sage pratique. D. Qu’est-ce que la prudence ? R. C’est la vue anticipée, la prévoyance des effets et des conséquences de chaque chose; prévoyance au moyen de laquelle l’homme évite les dangers qui le menacent, saisit et suscite les occasions qui lui sont favorables : d’où il résulte qu’il pourvoit à sa conservation pour le présent et pour l’avenir d’une manière étendue et sûre, tandis que l’imprudent qui ne calcule ni ses pas, ni sa conduite, ni les efforts, ni les résistances, tombe à chaque instant dans mille embarras, mille périls, qui détruisent plus ou moins lentement ses facultés et son existence. . T). Lorsque l’Évangile appelle bienheureux les pau-