LES RUINES, OU MÉDITATION SUR LES RÉVOLUTIONS DES EMPIRES. CHAPITRE I. LE VOYAGE. La onzième année du règne d'Abd-ul-Hamîd, fils d’Ahmed, empereur des Turks, au temps où les Russes victorieux s’emparèrent de la Krimée, et plantèrent leurs étendards sur le rivage qui mène à Constantinople, je voyageais dans l’empire des Ottomans, et je parcourais les provinces qui jadis furent les royaumes d'Egypte et de Syrie. Portant toute mon attention sur ce qui concerne le bonheur des hommes dans l’état social, j’entrais dans les villes et j’étudiais les mœurs de leurs habitans ; je péné - trais dans les palais, et j’observais la conduite de ceux qui gouvernent; je m’écartais dans les campagnes, et j’exa minais la condition des hommes qui cultivent; et partout ne voyant que brigandage et dévastation, que tyrannie