or, comme la sagesse consiste dans la pratique des lois naturelles, le vrai philosophe est celui qui connaît ces lois avec étendue et justesse, et qui y conforme toute sa conduite. D. Qu’est-cc que l’homme dans l’état sauvage ? R. C’est un animal brut, iguorant, une bête mé chante et féroce, à la manière des ours et des orang-ou- tangs. D. Est-il heureux dans cet état ? R. Non; car il n’a que les sensations du moment; < t cessensations sont habituellement celles de besoins vio lons qu’il ne peut remplir, attendu qu’il est ignorant par nature et faible par son isolement. D. Est-il libre ? R. Non : il est le plus esclave des êtres ; car sa vie dépend de tout ce qui l’entoure ; il n’est pas libre de manger quand il a faim , de se reposer quand il est las, de se réchauffer quand il a froid ; il court risque à chaque instant de périr : aussi la nature n’a-t-elle présenté que par hasard de tels individus; et l’on voit que tous les ef forts de l’espèce humaine depuis son origine n’ont tendu qu’a sortir de cet état violent, par le besoin pressant de sa conservation. J). Mais ce besoin de conservation ne produit-il pas dans les individus l’égoïsme , c’est-à-dire Xamour de soi ? et l’égoïsme n’est-il pas contraire à l’état social ? R. Non; car,si par égoïsme vous entendez le pen chant à nuire à autrui, ce n’est plus l’amour de soi, c’est la haine des autres. L’amour de soi, pris dans son vrai 26...