LA LOI NATURELLE. 286 D. Mais la société 11’cst-elle pas pour l’hoinme un état contre nature? R. Non : elle est au contraire un besoin, une loi que la nature lui impose par le propre fait de son organisa tion; car, i°la nature a tellement constitué l’être hu main, qu’il ne voit point son semblable d’un autre sexe sans éprouver des émotions et un attrait dont les suites le conduisent à vivre en famille, qui déjà est un étatde so ciété; 2° en le formant sensible, elle l’a organisé de ma nière que les sensations d’aulrui se réfléchissent en lui- même, et y excitent des co-sentiniens de plaisir, de douleur, qui sont un attrait et un lien indissoluble de la société; 3° enfin, l’état de société, fondé sur les besoins de l’homme, n’est qu’un moyen de plus de remplir la loi de se conserver; et dire que cet état est hors de nature parce qu’il est plus parfait, c’est dire qu’un fruit amer et sauvage dans les bois, n’est plus le produit de la nature, alors qu’il est devenu doux et délicieux dans les jardins où on l’a cultivé. D. Pourquoi donc des philosophes ont-ils appelé la vie sauvage l’état de perfection ? R. Parce que, comme je vous l’ai dit, le vulgaire a souvent donné le nom de philosophes a des esprits bizar res, qui, par morosité, par vanité blessée, par dégoût des vices de la société , se sont fait de l’état sauvage des idées chimériques, contradictoires à leur propre sys tème de l’homme parfait. D. Quel est le vrai sens de ce mot philosophe ? R. Le mot philosophe signifie amant de la sagesse :