CHAPITRE III. 283 de l’homme et du système social, il n’est point le but im médiat et direct de la nature ; c’est, pour ainsi dire, un objet de luxe, sur-ajouté à l’objet nécessaire et fondamen tal de la conservation. D. Comment la nature ordonne-t-elle à l’homme de se conserver? R. Par deux sensations puissantes et involontaires, qu’elle a attachées comme deux guides, deux génies gar diens à toutes ses actions : l’une, sensation de douleur, par laquelle elle l’avertit et le détourne de tout ce qui tend à le détruire; l’autre, sensation de plaisir, par la quelle elle l’attire et le porte vers tout ce qui tend à con server et à développer son existence. D. Le plaisir n’est donc pas un mal, un péché, comme le prétendent les casuistcs? R. Non : il ne l’est qu’autant qu’il tend à détruire la vie et la santé, qui, du propre aveu de ces casuistes, nous viennent de Dieu même. D. Le plaisir est-il l’objet principal de notre existence, comme l’ont dit quelques philosophes? R. Non : il ne l’est pas plus que la douleur; le plaisir est un encouragement à vivre, comme la douleur est un repoussement à mourir. D. Comment prouvez-vous cette assertion? R. Par deux faits palpables : l’un, que le plaisir, s’il est pris au delà du besoin, conduit à la destruction ; par exemple, un homme qui abuse du plaisir de manger ou de boire, attaque sa santé et nuit à sa vie. L’autre, que la douleur conduit quelquefois à la conservation; par exem-