NOTES. 265 absolument qu’on le trompe ; on ne peut en agir autrement avec lui... Les anciens prêtres d’Égypte en ont toujours usé ainsi j c’est pour cela qu’ils s’enfermaient dans leurs tem ples , et y composaient, à son insu , leurs mystères ; ( et oubliant ce qu’il vient de dire ) si le peuple eût été du se cret, il se seraitfâché qu’on le trompât. Cependant, com ment faire autrement avec le peuple, puisqu’il est peuple ? Pour moi, je serai toujours philosophe avec moi, mais je serai prêtre avec le peuple. » « Il ne faut que du babil pour en imposer au peuple, écri“ vait Grégoire de Nazianze à Jérôme. ( Iiieron. ad 1Sep. ) Moins il comprend , plus il admire.... Nos pères et docteurs ont souvent dit, non ce qu’ils pensaient, mais ce que leur faisaient dire les circonstances et le besoin. » « On cherchait, dit Sanchoniaton, à exciter l’admiration par le merveilleux. » ( Prœp. Ev., lib. ni. ) Tel fut le ré gime de toute l’antiquité ; tel est encore celui des brahmes et des lamas, qui retrace parfaitement celui des prêtres d’É gypte. Pour excuser ce système de fourberie et de menson ge, on dit qu’il serait dangereux d’éclairer le peuple , parce qu’il abuserait de ses lumières. Est-ce à dire qu’instruction et friponnerie sont synonymes ? Non, mais comme le peuple est malheureux par la sottise, l’ignorance , et la cupidité de ceux qui le mènent et l’endoctrinent, ceux-ci ne veulent pas qu’il y voie clair. Sans doute il serait dangereux d’atta- querde front la croyance erronée d’une nation; mais il est un art philanthropique et médical de préparer les yeux à la lu mière , comme les bras à la liberté. Si jamais il se forme une corporation dans ce sens, elle étonnera le monde par ses succès.