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NOTES. 223 Or, dans l’état social, dans le gouvernement des hommes, qn’est-ce que le juste et l'injuste? Le juste est de maintenir ou de rendre à chaque individu ce qui lui appartient : par conséquent, d’abord la vie qu’il tient d’un pouvoir au- tlessus de tout ; 2° l’usage des sens et des facultés qu’il tient de ce même pouvoir ; 3 U la jouissance des fruits de son tra vail ; et tout cela, en ce qui ne blesse pas les mêmes droits en autrui; car s’il les blesse, il y a injustice, c’est-à-dire rupture A'égalité al A'équilibre d’homme à homme. Or, plus il y a de lésés , plus il y a d’injustices : par conséquent, si, comme il est de fait, ce qu’on appelle le peuple compose l’immense majorité d’une nation, c’est l’intérêt, c’est le bien-être de cette majorité qui constitue la justice : ainsi la vérité se trouve dans l’axiome qui a dit : Salus populi su- prema lex esto. Le salut du peuple , voilà la loi, voilà la lé gitimité. Et remarquez que le salut ne veut pas dire la vo lonté, comme l’ont supposé quelques fanatiques; car d’abord le peuple peut se tromper ; puis comment exprimer cette volonté collective et abstraite ? l’expérience nous l’a prouvé. Salus populi ! L’art est de le connaître et de l’effectuer. Pag. 90, ligne 1. (L’idée de liberté contient essentielle ment celle de justice qui naît de l’égalité. ) Les mots retra cent eux-mêmes cette connexion; car œquilibrium, æqui- tus, œqualitas sont tous d’une même famille , et l’idée de l'égalité matérielle , de la balance , est le type de toutes ces idées abstraites. La liberté elle-même, bien analysée , n’est encore que la justice; car si un homme , parce qu’il se dit libre, en attaque un autre, celui-ci, par le même droit de liberté , peut et doit le repousser : le droit de l’un est égal au droit de l’autre : la force peut rompre cet équilibre, mais elle devient injustice et tyrannie de la part du plus bas dé mocrate , comme de celle du plus haut potentat.