21 2 LES RUINES. assurés ; c’est-à-dire que vous vous disputez, que vous vous querellez , que vous vous battez pour ce qui est incertain , pour ce dont vous doutez. O hom mes ! n’est-ce pas là folie ? » Et n’est-il pas alors démontré que ce n’est point pour la vérité que vous contestez ; que ce n’est point sa cause que vous défendez, mais celle de vos affections, de vos préjugés ; que ce n’est point l’objet tel qu’il est en lui, que vous voulez prouver , mais l’objet tel que vous le voyez; c’est-à-dire que vous voulez faire prévaloir, non pas ['évidence de la chose, mais Vopinion de votre per sonne, votre manière de voir et déjuger. C’est une puis sance que vous voulez exercer, un intérêt que vous vou lez satisfaire , une prérogative que vous vous arrogez ; c’est la lutte de votre vanité. Or , comme chacun de vous, en se comparant à tout autre, se trouve son égal, son semblable , il résiste par le sentiment d’un même droit. Et vos disputes, vos combats, votre intolé rance , sont l’effet de ce droit que vous vous déniez, et de la conscience inhérente de votre égalité. » Or, le seul moyen d’être d’accord est de revenir à k nature , et de prendre pour arbitre et régulateur l’or dre de choses qu’elle -même a posé ; et alors votre accord prouve encore cette autre vérité : » Que les êtres réels ont en eux-mêmes une ma nière dlexister identique, constante , uniforme , et qu’il existe dans vos organes une manière semblable d’en être affectés. » Mais en même temps, à raison de la mobilité