LES RUINES. 206 Que, sous celui de dons et offrandes, ils se procuraient des revenus certains et exempts de frais ; Que, sous celui de recueillement et de dévotion, ils vivaient dans l’oisiveté et dans la licence ; Qu’ils avaient fait de Xaumône une vertu, afin de vivre tranquillement du travail d’autrui; Qu’ils avaient inventé des cérémonies du culte, afin d’attirer sur eux le respect du peuple, en jouant le rôle des dieux dont ils se disaient les interprètes et les mé diateurs, pour s’en attribuer toute la puissance; que, dans ce dessein, selon les lumières ou l’ignorance des peuples, ils s’étaient faits tour-à-tour astrologues, ti reurs d’horoscopes, devins, magiciens, nécroman ciens, charlatans, médecins, courtisans, confes seurs de princes, toujours tendant au but de gouverner pour leur propre avantage. Que tantôt ils avaient élevé le pouvoir des rois et con sacré leurs personnes, pour s’attirer leurs faveurs ou participer à leur puissance ; Et que tantôt ils avaient prêché le meurtre des tyrans ( se réservant de spécifier la tyrannie ), afin de se venger de leur mépris ou de leur désobéissance ; Que toujours ils avaient appelé impiété ce qui nuisait à leurs intérêts; qu’ils résistaient à toute instruction pu blique , pour exercer le monopole de la science ; qu’enfin en tout temps, en tout lieu , ils avaient trouvé le secret de vivre en paix au milieu de l’anarchie qu’ils causaient, en sûreté sous le despotisme qu’ils favorisaient, en repos au milieu du travail qu’ils prêchaient, dans l’abondance