LES RUINES. 198 imaginaires ! Nous avons oublié notre enfance, et nous connaîtrons celle du monde! Et qui attestera ce que nul n’a vu ? qui certifiera ce que personne ne comprend ? » Qu’ajoutera ou que diminuera à notre existence de dire oui ou non sur toutes ces chimères? Jusqu’ici nos pères et nous n’en avons pas eu la première idée, et nous 11e voyons pas que nous en ayons eu plus ou moins de soleil, plus ou moins de subsistance, plus ou moins de mal ou de bien. » Si la connaissance en est nécessaire, pourquoi avons- nous aussi bien vécu sans elle, que ceux qui s’en inquiè tent si fort ? Si elle est superflue, pourquoi en prendrons- nous aujourd’hui le fardeau? Et s’adressant aux docteurs et aux théologiens : « Quoi ! il faudra que nous, hommes ignorans et pauvres, dont tous les momeris suffisent à peine aux soins de notre subsistance et aux travaux dont vous profitez, il faudra que nous apprenions tant d’his toires que vous racontez, que nous lisions tant de livres que vous nous citez, que nous apprenions tant de diverses langues dans lesquelles ils sont composés ! Mille ans de vie n’y suffiraient pas.... » Il n’est pas nécessaire, dirent les docteurs, que vous acquériez tant de science : nous l’avons pour vous.... » Mais vous-mêmes, répliquèrent les hommes simples, avec toute votre science vous n’êtes pas d’accord ! à quoi sert de la posséder? » D’ailleurs , comment pouvez-vous répondre pour nous? Si la foi d’un homme s’applique à plusieurs, vous- mêmes quel besoin avez-voas de croire? Vos pères au-