CHAPITRE XXIII. «97 révéler ces mystères? Sans doute nos opinions sont pleines d’erreurs; mais ces erreurs sont un frein né cessaire à la multitude. Le monde va ainsi depuis deux mille ans, pourquoi le changer aujourd’hui? » Et déjà la rumeur du blâme qui s’élève contre toute nouveauté, commençait de s’accroître, quand un groupe nombreux d’hommes des classes du peuple et de sauvages de tout pays et de toute nation, sans prophètes, sans docteurs, sans code religieux, s’avançant dans l’arène attirèrent sur eux l’attention de toute l’assemblée ; et l’un d’eux, portant la parole, dit au législateur: « Arbitre et médiateur des peuples ! depuis le com mencement de ce débat, nous entendons des récits étran ges, inouïs pour nous jusqu’à ce jour; notre esprit, sur pris, confondu de tant de choses, les unes savantes, les autres absurdes, qu’égalemeut il ne comprend pas, reste dans l’incertitude et le doute. Une seule réflexion nous frappe : en résumant tant de faits prodigieux, tant d’asser tions opposées, nous nous demandons: Que nous im portent toutes ces discussions ? Qu’avons-nous besoin de savoir ce qui s’est passé il y a cinq ou six mille ans, dans des pays que nous ignorons, chez des hommes qui nous resteront inconnus? Vrais ou faux, à quoi nous sert de savoir si le monde existe depuis six ou depuis vingt mille ans, s’il s’est fait de rien ou de quelque chose, de lui- même ou par un ouvrier, qui, à son tour, exige un au teur? Quoi ! nous 11e sommes pas assurés de ce qui se passe près de nous, et nous répondrons de ce qui peut se passer dans le soleil, dans la lune ou dans les espaces