CHAPITRE XXII. 173 l’état terrestre et civil. Alors la divinité devint un être moral et politique, un législateur social d’autant plus re douté, que ce législateur suprême, ce juge final fut inac cessible aux regards : alors ce monde fabuleux et my thologique, si bizarrement composé de membres épars, se trouva un lieu de châtiment et de récompense, où la justice divine fut censée corriger ce que celle des hommes eut de vicieux, d’erroné ; et ce système spirituel et mys tique acquit d’autant plus de crédit, qu’il s’empara de l’homme par tous ses penchans : le faible opprimé y trouva l’espoir d’une indemnité, la consolation d’une vengeance future; l’oppresseur comptant, par de riches offrandes, arriver toujours à l’impunité, se fit de l’erreur du vul gaire une arme de plus pour le subjuguer; et les chefs des peuples, les rois et les prêtres y virent de nouveaux moyens de le maîtriser, par le privilège qu’ils se réser vèrent de répartir les grâces ou les châtimens du grand juge, selon des délits ou des actions méritoires qu’ils ca ractérisèrent à leur gré. » Voilà comment s’est introduit, dans le monde vi sible et réel, un monde invisible et imaginaire ; voilà 1 origine de ces lieux de délices et de peines dont vous, Perses! avez fait votre terre rajeunie, votre ville de ré surrection placée sous l’équateur, avec l’attribut sin gulier que les heureux n’y donneront point d’ombre. Voilà, juifs et chrétiens , disciples des Perses! d’où sont venus votre Jérusalem de l’Apocalypse, votre pa radis } votre ciel, caractérisés par tous les détails du ciel astrologique d’Hermès : et vous, musulmans ! votre en-