CHAPITRE XXII. >49 tances de sa vie et de l’état progressif de ses connais sances. » Or, de ce que les idées de la divinité eurent pour premiers modèles les êtres physiques, il résulta que la divinité fut d’abord variée et multiple, comme les for mes sous lesquelles elle parut agir : chaque être fut une puissance, un génie; et l’univers pour les premiers hommes fut rempli de dieux innombrables. » Et de ce que les idées de la divinité eurent pour mot eues les affections du cœur humain, elles subirent im ordre de division calqué sur ses sensations de dou leur ou de plaisir, d'amour ou de haine; les puissan ces de la nature, les dieux , les génies furent partagés en bienfaisans et en malfaisans, en bons et en mau vais; et de là l’universalité de ces deux caractères dans tous les systèmes de religion. » Dans le principe, ces idées analogues à la condition de leurs inventeurs, lurent long-temps confuses et gros sières. Errans dans les bois, obsédés de besoins, dénués de ressources, les hommes sauvages n’avaient pas le loisir de combiner des rapports et des raisonnemens : affectés de plus de maux qu’ils n’éprouvaient de jouissances, leur sentiment le plus habituel était la crainte, leur théologie la terreur; leur culte se bornait à quelques pratiques de salut, et d’offrande à des êtres qu’ils se peignaient féroces et avides comme eux. Dans leur état d'égalité et A’in dépendance , nul ne s’établissait médiateur auprès de dieux insubordonnés et pauvres comme lui-même. Nul n’ayant de superflu à donner, il n’existait ni parasite