CHAPITRE XXII. l43 accompagnées d’un état de choses si prodigieux, qu’il semble interdire tout accès au jugement; mais cet état même suscite un premier raisonnement, qui en résout la difficulté; car, si les faits prodigieux que nous présentent les systèmes théologiques ont réellement existé; si, par exemple, les métamorphoses, les apparitions, les con versations d’un seul ou de plusieurs dieux, tracées dans les livres sacrés des Indiens, des Hébreux, des Parsis, sont des évenemens historiques, il faut convenir que la nature d’alors différait entièrement de celle qui subsiste ; que les hommes actuels n’ont rieii de commun avec ceux de ces siècles-là , et qu’ils ne doivent plus s’en oc cuper. » Si, au contraire, ces faits prodigieux n’ont pas réellement existé dans l’ordre physique, dès-lorson conçoit qu’ils sont du genre des créations de l’entendement ; et sa nature, capable encore aujourd’hui des compositions les plus fantastiques, rend d’abord raison de l’apparition de ces monstres dans l’histoire ; il ne s’agit plus que de savoir comment et pourquoi ils se sont formés dans l’imagina tion ; or, en examinant avec attention les sujets de leurs tableaux, en analysant les idées qu’ils combinent et qu’ils associent, en pesant avec soin toutes les circonstances qu’ils allèguent, l’on parvient à découvrira ce premier état incroyable, une solution conforme aux lois de la nature; on s’aperçoit que ces récits d’un genre fabuleux ont un sens figuré autre que le sens apparent ; que ces prétendus faits merveilleux sont des faits simples et phy siques , mais qui, mal conçus ou mal peints, ont été dé- 14...