CHAPITRE XXI. i3 7 le principe animant, en un mot, 1 ’ame de l’univers ; laquelle, à raison de l’infinie varie'té de ses rapports et de ses opérations, considérée tantôt comme simple et tantôt comme multiple, tantôt comme active et tantôt comme passive, a toujours présenté à l’esprit humain une énigme insoluble. Tout ce qu’il peut y comprendre de plus clair, c’est que la matière ne périt point ; qu’elle possède essen tiellement des propriétés par lesquelles le monde est régi comme un être vivant et organisé ; que la connaissance de ces lois, par rapport à l’homme, est ce qui constitue la sagesse ; que la vertu et le mérite résident dans leurs observations ; et le mal, le péché, le vice dans leur ignorance et leur infraction ; que le bonheur et le mal heur en sont le résultat, par la même nécessité qui fait que les choses pesantes descendent, que les légères s’é lèvent, et par une fatalité de causes et d’effets dont la chaîne remonte depuis le dernier atome jusqu’aux astres les plus élevés. Voilà ce qu’a révélé au lit du trépas notre Boudah Somona Goulama. » A ces mots, une foule de théologiens de toute secte s’é crièrent que cette doctrine était un pur matérialisme ; que ceux qui la professaient étaient des impies, des alliées, ennemis de Dieu et des hommes, qu’il fallait exterminer. — « Eh bien ! répondirent les chamans , supposons que nous soyons en erreur ; cela peut être, car le premier attribut de l’esprit humain est d’être sujet à l’illusion; mais de quel droit ôterez-vous à des hom mes comme vous, la vie que le Ciel leur a donnée? Si ce Ciel nous tient pour coupables , nous a en horreur,