LES RUINES. i36 s’avançant en scène, dirent qu’ils allaient mettre d’accord tout le monde ; et l’un d’eux prenant la parole : « II est temps, dit-il, que nous terminions toutes les contestations frivoles en levant pour vous ce voile de la doctrine inté rieure que Fût lui-même, au lit de la mort, a révélée à ses disciples. « Toutes ces opinions théologiques, a-t-il dit, ne sont que des chimères ; tous ces récits de la nature des dieux, de leurs actions, de leur vie, ne sont que des allégories, des emblèmes mythologiques, sous lesquels sont envelop pées des idées ingénieuses de morale, et la connaissance des opérations de la nature dans le jeu des élémens et la marche des astres. » La vérité est que tout se réduit au néant ; que tout est illusion, apparence, songe; que la métempsycose morale n’est que le sens figuré de la métempsycose phy sique , de ce mouvement successif par lequel les élé mens d’un même corps qui ne périssent point, passent, quand il se dissout, dans d’autres milieux et forment d’autres combinaisons. L’ame n’est que le principe vital qui résulte des propriétés de la matière et du jeu des élémens dans les corps où ils créent un mouvement spon tané. Supposer que ce produit du jeu des organes, né avec eux, développé avec eux, endormi avec eux, sub siste quand ils ne sont plus, c’est un roman peut-être agréable, mais réellement chimérique, de l’imagination abusée. Dieu lui-même n’est autre chose que le principe moteur, que la force occulte répandue dans les êtres ; que la somme de leurs lois et de leurs propriétés ; que