CHAPITRE XXI. 123 pères ! Quel homme peut répondre des actions d’autrui! N’est-ce pas renverser toute idée de justice et de raison ? Et où sont, dirent d’autres, les témoins, les preuves de tous ces prétendus faits allégués? Pcut-on les recevoir ainsi sans aucun examen de preuves? Pour la moindre action en justice il faut deux témoins ; et l’on nous fera croire tout ceci sur des traditions, des ouï-dire ! Alors un rabbin prenant la parole : « Quant aux faits , dit-il, nous en sommes garans pour le fond : k l’égard de la forme et de l’emploi que l’on en a fait, le cas est di(lurent, et les chrétiens se condamnent ici par leurs propres argumens, car ils 11e peuvent nier que nous ne soyons la source originelle dont ils dérivent, le tronc primitif sur lequel ils sont entés; et de là un raisonne ment péremptoire : Ou notre loi est de Dieu, et alors la leur est une hérésie , puisqu’elle en diflere; ou notre loi n’est pas de Dieu, et la leur tombe en même temps. » Il faut distinguer, répondit le chrétien : votre loi est de Dieu comme figurée etpréparative, maisnon pas comme finale et absolue ; vous u’êtes que le simulacre dont nous sommes la réalité. Nous savons, repartit le rabbin, que telles sont vos prétentions; mais elles sont absolument gratuites et faus ses. Votre système porte tout entier sur des bases de sens mystiques, à.’interprétations visionnaires et allégori ques ; et ce système, violentant la lettre de nos livres, substitue sans cesse au sens vrai les idées les plus chimé riques , et y trouve tout ce qu’il lui plait, comme une ima gination vagabonde trouve des figures dans les nuages.