CHAPITRE XIX. 99 dit-il, quel mouvement de passion vous agite ? Où vous conduira cette querelle ? Qu’attendez-vous de cette dis sension! Depuis des siècles la terre est un champ de dis putes , et vous avez versé des torrens de sang pour des opinions chimériques : qu’ont produit tant de combats et de larmes ? Quand le fort a soumis le faible à son opinion, qu’a-t-il fait pour la vérité et pour l’évidence ? O na tions ! prenez conseil de votre propre sagesse ! Quand, parmi vous, une contestation divise des individus , des familles, que faites-vous pour les concilier? Ne leur don nez-vous pas des arbitres ? « Oui, s’écria unanimement la multitude. » Eh bien! donnez-en de même aux auteurs de vos dissentimens. Ordonnez h ceux qui se font vos ins tituteurs, et qui vous imposent leur croyance, d’en débat tre devant vous les raisons. Puisqu’ils invoquent vos in térêts, connaissez comment ils les traitent. Et vous, chefs et docteurs des peuples, avant de les entraîner dans la lutte de vos systèmes, discutez-en contradictoirement les preuves. Établissons une controverse solennelle, une re cherche publique de la vérité, non devant le tribunal d’un individu corruptible ou d’un parti passionné, mais en face de toutes les lumières et de tous les intérêts dont se compose l’humanité, et que le sens naturel de toute l’espèce soit notre arbitre et notre juge. »