C)8 LES RUINES. les memes droits à l’usage de ses bienfaits? Ne vous a- t-ellc pas , par-là même, déclarés tous égaux et libres ? Quel mortel osera donc refuser à son semblable ce que lui accorde la nature ? O nations ! bannissons toute tyrannie et toute discorde ; ne formons plus qu’une même société, qu’une grande famille ; et puisque le genre humain n’a qu’une même constitution , qu’il n’existe plus pour lui qu’une loi, celle de la nature ; qu’un même code celui de la raison ; qu’un même trône , celui de la justice ; qu’un même autel, celui de Y union. » 11 dit ; et une acclamation immense s’éleva jusqu’aux cicux : mille cris de bénédiction partirent du sein de la multitude ; et les peuples, dans leurs transports , firent retentir la terre des mots d égalité, de justice, d'union. Mais bientôt à ce premier mouvement en succéda un dif férent ; bientôt les docteurs , les chefs des peuples, les excitant à la dispute , je vis naître d’abord un murmure, puis une rumeur, qui, se communiquant de proche en proche , devint un vaste désordre ; et chaque nation éle vant des prétentions exclusives , réclamait la prédomi nance pour son code et son opinion. « Vous êtes dans, l’erreur, se disaient les partis en se montrant du doigt les uns les autres; nous seuls possédons la vérité et la raison ; nous seuls avons la vraie loi, la vraie règle de tout droit, de toute justice , le seul moyen du bonheur, de la perfection ; tous les autres hommes sont des aveugles ou des rebelles. » Et il régnait une agi tation extrême. Mais le législateur ayant réclamé le silence : « Peuples,