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96 LES RUINES. l’Océan et du continent antipode. Et l’aspect de tant de variétés d’une même espèce, de tant d’inventions bizarres d’un même entendement, de tant de modifications diffé rentes d’une même organisation, m’affecta a la fois de mille sensations et de mille pensées. Je considérais avec étonnement cette gradation de couleurs, qui, de l’incar nat vif passe au brun clair, plus foncé, fumeux, bronzé, olivâtre, plombé, cuivré, enfin jusqu’au noir d’ébène et du jais; et trouvant le Kac/iemirien, au teint de roses, à côté de Y Indou halé, le Géorgien à côté du Tartare, je réfléchissais sur les effets du climat chaud ou froid, du sol élevé ou profond, marécageux ou sec, découvert ou ombragé; je comparais l’homme nain du pôle au géant des zones tempérées; le corps grêle de VArabe à l’ample corps du Hollandais ; la taille épaisse et courte du Sa- moyède à la taille svelte du Grec et de l’Esclavon y la laine grasse et noire du Nègre à la soie dorée du Da nois ; la face aplatie du Calinouque, ses petits yeux en angle, son nez écrasé, à la face ovale et saillante, aux grands yeux bleus, au nez aquilin du Circassien et de YAbasan. J’opposais aux toiles peintes de VIndien, aux étoffes savantes de Y Européen, aux riches fourrures du Sibérien, les pagnes d’écorce, les tissus de jonc, de feuil les, de plumes, des nations sauvages, et les figures bleuâtres deserpeus,de fleurs et d’étoiles dont leur peau était impri mée. Et tantôt le tableau bigarré de cette multitude me retraçait les prairies émaillées du Nil et de l’Euphrate, lorsqu’après les pluies ou le débordement, des millions de fleurs naissent de toutes parts; tantôt il me représentait