LES RUINES. 9 a trouble et de surprise s’excita au sein des nations; et d’une part la multitude e'rnue de désir, mais indécise entre l’espérance et la crainte, entre le sentiment de scs droits et l’habitude de ses chaînes, commença de s’agiter ; d’au tre part, les rois réveillés subitement du sommeil de l’in dolence et du despotisme, craignirent de voir renverser leurs trônes ; et partout ces classes de tyra7is civils et sacrés qui trompent les rois et oppriment les peuples, furent saisies de rage et d’effroi ; et tramant des desseins perfides: « Malheur à nous, dirent-ils, silo cri funeste de la liberté parvient à l’oreille de la- multitude ! Mal heur à lions, si ce pernicieux esprit de justice se pro page! » Et voyant flotter l’étendard: «Concevez-vous l’essaim de maux renfermés dans ces seules paroles ? Si tous les hommes sont égaux, où sont nos droits exclu sifs d’honneur et de puissance? Si tous sont ou doivent être libres, que deviennent nos esclaves, nos serfs, nos propriétés? Si tous sont égaux dans l’état civil, où sont nos prérogatives de naissance, à?hérédité ? et que de vient la noblesse? S’ils sont tous égaux devant Dieu, où est le besoin de médiateurs ? et que devient le sacerdo ce? Ah! pressons-nous de détruire un germe si fécond , si contagieux! Employons tout notre art contre cette ca lamité; effrayons les rois, pour qu’ils s’unissent à notre cause. Divisons les peuples , et suscitons-leur des troubles et des guerres. Occupons-les de combats, de conquêtes et de jalousies. Alarmons-les sur la puissance de cette nation libre. Formons une grande ligue contre l’ennemi commun. Abattons cet étendard sacrilège, renversons ce