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39 sur 1g théâtre même de mille scènes chevale resques, héroïques, tragiques, depuis longtems passées et oubliées, d’une barbarie grossière, souvent atroce, d’une licence sans bornes; mais aussi quelquefois d’un courage admirable, d’ac tions nobles, d’une grandeur d’âme, d’une amitié, d’une fidélité exemplaires, d’une constance rare dans l’amour: on est saisi d’un sentiment d’hor reur, mêlé de pitié et d’une espèce de crainte et d’admiration. On croit voir encore errer ça et là les ombres menaçantes de ces figures gi gantesques, de ces êtres redoutables, armés de pied en cap, à la mine féroce et rébarbative; on croit entendre la voix rauque du chevalier, le tumulte de ses écuyers; le cliquetis des armes; les gémissements des victimes; le son de la trompette, du porte-voix, de la musique bruyante, des airs joyeux, entonnés en chorus, la grande coupe à la main, les ballades et les romances chantées par les ministrels mais que toute cette phantasmagorie, qu’une imagi nation vive se plaît à évoquer un moment, con traste avec le morne silence, qui règne dans les ruines d’une grandeur passée, d’une force éva nouie ; où tout se réduit en poussière, et où celui, qui vient visiter ces illustres solitudes, ne marche que sur quelques débris, couverts de mousse, •— autrefois peut - être humectés de larmes et de sang, — et par son apparition inopinée effarouche les corbeaux, les vautours, les hibou», qui sont venus se nicher là, où au trefois tout n’était que vie, mouvement, tumulte,