180 nous ! Il ne nous reste que l’espérance d’être plus heureuses demain matin au retour de cet astre. Pour celui qui voit des nuages noirs, sillon nés par des éclairs au-dessous de ses pieds, et au-dessus le ciel le plus serein, l’orage doit lui offrir sur le Brocken un spectacle imposant. Presque revenues à la petite maison, un petit moment nous semble propice: nous en trevoyons le soleil, il touche à l’horizon: son disque d’or, à moitié voilé, n’éclaire plus que la cime des montagnes; ses feux, à leur déclin, s’éteignaient sous une nuée orageuse, et sa splen deur mourante ne jetait plus que des lueurs de triste présage. Plus tard la lune dissipe le brouillard et l’orage; le ciel se rassérène; on voit ça et là dans de grands intervalles épurés scintiller mille étoiles. Tantôt la lune repose sur un groupe de nuages qui ressemblent à la cime de hautes montagnes, couronnées de neige ; peu à peu ces nues s’allongent, se déroulent en zones- dia phanes et onduleuses de satin blanc, ou se trans forment en légers flocons d’écume, en troupeaux innombrables, errant dans la plaine azurée du firmament. Une si belle nuit, partout ailleurs, promet trait un beau lever du soleil. Voyons si le Brocken, auquel on n’ose se fier d’un moment à l’autre, décidera en notre faveur! De grand matin nous voilà sur pied pour aller saluer l’Aurore: humide de rosée elle va