160 sans ajouter foi à cette fable absurde, ont néan moins une espèce de crainte superstitieuse de l’influence des sorcières de ce géant des mon tagnes, et ils ne laissent pas à l’approche de la nuit du dernier Avril au 1er de Mai de tracer avec de la craie ou du charbon, trois croix aux portes des maisons et des étables. La fable du Brocken date des tems, où Charlemagne voulut à toute force et souvent par des mesures cruelles extirper le paganisme dans toute l’Allemagne, mais surtout dans la Saxe, habitée par un peuple plein de vigueur et de courage. Pour subjuguer les vaillants Saxons, Charlemagne eut à lutter contre eux pendant plus de trente-trois ans. Souvent battus; s’ils concluaient une paix, aussitôt ils la rompaient et ce n’était toujours que forcément et pour la forme qu’ils devinrent Chrétiens; en secret ils continuaient d’adorer leurs idoles. Un acte d’idolâtrie étant puni par les plus terribles souffrances et la mort, ils se réfugiaient dans des forêts épaisses ou sur de hautes montagnes, mais surtout sur le Brocken qui alors était presque inaccessible, et là ils célébraient leurs fêtes païennes. Pour pouvoir le faire avec d’autant plus de sécurité, ils se travestissaient de toutes les manières les plus hideuses; ils s’armaient de fourches, de balais et ainsi, dans l’obscurité de la nuit ils effrayaient les gardes, qui s’enfuyaient assurant avoir vu le Diable et des sorcières. Quant aux fourches, ils en avaient besoin, peut-être pour se défendre contre des