égaient la montée. C’est un luxe de sources, de torrents, de chutes-d’eau, c’est une onde qui fuit sous toutes les formes: elle coule, elle se précipite, tour à tour limpide, écumante, si lencieuse, loquace, bruyante; on dirait Protée s’échappant de l’urne des Naïades. Le minéralogiste et le botaniste trouveraient ici une abondante moisson; chaque brin d’herbe a son parfum montagnard. Le chasseur aussi aurait de quoi exercer son métier: avec la rapidité d’un trait des cerfs, des daims sortant de buis sons épais, traversent le chemin pour aller se cacher dans des buissons encore plus épais. La fraîcheur de l’air augmente à chaque pas, on sent qu’on approche de la région des nuages, d’une atmosphère que des brouillards obscurcissent. Le soleil est encore dégagé des nuages du levant, mais la tête du Brocken est invisible: elle nage dans le brouillard. En montant le soleil ne se fait plus voir que de teins en tems à travers le voile qui enveloppe le haut de la montagne: les nuages tantôt s’entr’ouvrent sur quelques points, tantôt se resserrent, et ce n’est que subitement et par intervalles que percent quelques rayons du so leil; mais le brouillard s’épaissit, l’obscurité redouble. Hâtons-nous, ma chère amie, de gagner la maisonette construite sur le plateau du Brocken ; reposons-nous y un peu et en suite voyons si le