154 Nous voilà sur lo sommet de Fllsenstcin. On s’y trouve comme sur la pointe du plus haut clocher: il est aisé d’être pris de vertige en plongeant sa vue dans le vallon, tant on s’y trouve élevé et isolé. L’Ilse ne paraît que comme un filet - d’eau ; le bruit lointain des. nombreuses cascades de ce rapide torrent ne semble qu’un doux murmure; les arbres les plus hauts dans la vallée ont l’air de buissons. D’un côté se présentent des masses informes, de ces belles horreurs de la nature, un vrai chaos de groupes de rochers, qui par leur énorme volume imposent à lame, et lui font éprouver le sentiment involontaire d’une respectueuse ter reur. D’un autre côté c’est une vapeur légère, semblable à une gaze répandue dans le lointain et qui arrondit les objets, en faisant disparaître ce qu’il pourrait y avoir de trop dur dans leurs contours et dans leurs formes. Les crêtes indé cises et voilées des montagnes lointaines se perdent dans l’horizon. Les ombres ne sont point lourdes et noires; il n’y a pas de masses si ob scures dans les rochers et les feuillages, où il ne s’insinue un trait de lumière. Une teinte singu lièrement harmonieuse marie la terre, le ciel, les eaux: toutes les surfaces, au moyen d’une gradation insensible, s’unissent par leurs extré mités sans qu’on puisse déterminer le point, où une nuance finit et où l’autre commence. Si du côté du Brocken, silencieux et austère, lame