138 fin, de descendre dans la vallée de la Rosstrappe pour appeler auprès d’elle un Ilermite, (pii depuis quelque tems y demeure dans une austère réclu sion et qui était en odeur de sainteté. Cathe rine s’y rend: elle trouve près des bords de la Bode, au pied d’un haut rocher, une petite hutte formée de quelques branches d’arbres; elle frappe à la porte de l’hermitage: un homme sur le dé clin de ses jours, à longue barbe, à l’oeil terne et mélancolique lui ouvre et l’invite à entrer. Malgré trente longues années révolues l’her- mite reconnaît Catherine, car l’hermite c’est Charles : ayant erré pendant longtems dans des régions lointaines, de retour dans sa patrie, il était revenu à la maison de Catherine, mais ne Fy ayant plus trouvée, en ayant même perdu la trace, il s’était fait hermite. L’âge avait calmé son sang, adouci la véhémence de sa passion et imposé silence à sa farouche jalou sie; mais son coeur était encore tout à sa bien-aimée. Il prononce avec un ton langoureux et une douloureuse joie le nom chéri de Catherine et la fixe avec une tendresse indicible. C’est un Ange qui lui a apparu: il semble plutôt devoir l’adorer qu’oser l’aimer Catherine comme réveillée d’un rêve long et pénible, a senti un moment son coeur se rouvrir à la joie ; elle a reconnu l’ami de son enfance et de son coeur; la surprise, le bonheur sont extrêmes pour Charles et Catherine: le voilà comblé cet intervalle qu’une cruelle et trop longue