La Princesse était sauvée; car le géant ne voyant qu’elle et non l’abîme, s’y précipita avec son cbeval et disparut aussitôt dans les flots de la rivière qui coule dans le vallon et qui depuis s’appelle Bode, d’après le nom du géant. La Princesse, en franchissant le précipice, perdit la couronne d’or qui ornait sa tête et qui pesait plus d’un quintal. Cette couronne tomba dans la Bode. Là, le géant, dit-on, transformé en un noir mâtin, garde ce trésor, de peur que personne ne l’enlève. Aussi toutes les tentatives pour cet effet ont échoué, et à minuit on entend le hurlement sinistre du Cerbère, qui alors fait ressortir sa tète noire et hideuse de dessus les ondes bouillonnantes de la Bode. Ce qui est de fait, c’est que, au pied de la Rosstrappc, le ruisseau forme un petit bassin, semblable à une chaudière qui, dit-on, est d’une grande profondeur et où l’eau, toujours écumante, paraît comme bouillonner; quelques petites cascades, qui y tombent, forment un tournoiement d’eau, ce qui répand au loin un mugissement continuel et assez fort. C’est ici l’endroit le plus romantique de tout le vallon. Lorsqu’on a parcouru ce vallon dans tous les sens, on peut dire avoir vu un tableau tel que la Suisse même n’en offre pas de plus pitto resques: mais pour bien apprécier les beautés remarquables de ces magniiiques groupes de ro chers, de ces abimes, de ces gorges, de ces dé- blés, il faut marcher le long des deux murs de