112 Hâtez-Vous, ma chère amie, approchez de la fenêtre; voyez et admirez. L’Aurore brillante s’est élancée de son palais de lumière, et devant ses coursiers étincelants, sur un nuage d’or et de pourpre, elle chasse les ombres de la nuit. A perte de vue l’horizon se dore dans le lointain: de moment en moment le brouillard fait place à une douce lueur; cette lueur augmente, elle devient par degrés une brillante clarté, puis un océan de feu; un globe ardent paraît: c’est l’astre du jour, comme un géant superbe, sortant du sanctuaire illuminé d’un temple aérien, c’est le char du Dieu de la lumière qui vient d’annoncer au monde le réveil de la nature et un nouveau jour, et qui va par courir, rayonnant de gloire, les plaines éthérées. Il verse à grands flots sa lumière féconde, qui répand la vie et le bonheur. La nature est rajeunie et paraît vierge comme au premier jour de la création. La plaine immense comme parsemée de villes et de villages; ces champs fertiles; ces prairies émaillées de fleurs; ces jardins; ces fo rêts lointaines; l’antique Quedlinbourg avec ses nombreux clochers, dorés par les rayons du so leil; mais surtout Gernrode, dont les maisons sont comme enchâssées dans de charmants bosquets d’arbres fruitiers et qui rappellent les jolies habitations de la Géorgie et de la Perse, dont je Vous ai entretenue dans mes lettres sur ces pays de l’Orient, — voilà le Panorama, ma chère amie, qui s’offre à Vos yeux. Mais quit-