107 et le virtuose le plus accompli dans la science du mal, à son tour lui assura une existence encore de trente années, trois jours et deux heures, et lui promit de construire la nuit suivante, avant le premier cri du coq, le moulin désiré sur la cime du Ramberg, exactement d’après le plan du meunier. Dès la nuit suivante l’architecte infernal commence son oeuvre: il entasse rochers sur rochers, que ses satellites lui lancent du Brocken; en moins d’une heure se trouve construit un moulin grand et complet et pour la durée d’une éternité. Le Diable se rend aussitôt chez le meunier, pour le conduire sur le sommet de la montagne et pour soumettre le chef - d’oeuvre à son examen. Celui-ci le suit en tremblant. Ils montent. La nuit est sombre ; un vent impé tueux siffle à travers les cimes des vieux chênes et des hauts sapins; les oiseaux de nuit font entendre leurs cris lugubres; la lune s’éclipse, le ciel se couvre d’épais nuages, un orage éclate, le tonnerre gronde, la terre s’ébranle. Une terreur mortelle s’empare du meunier: qu’il aurait voulu pouvoir retourner sur ses pas et se con tenter de son petit moulin, héritage de son père, pour y vivre et y mourir en paix! Mais hélas! le repentir lui vint trop tard. Il ne lui resta plus d’autre espoir que la possibilité de découvrir quelque incorrection dans la structure du moulin. Quel fut son effroi lorsque, parvenu au sommet de la montagne, il apperçoit à la flamme écla tante des éclairs qui semblent embraser tout le